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Disponibilité gidienne par Hippolyte Flandrin

Publié le par Jean-Yves Alt

Au pied d'un tronc d'arbre massif, un jeune homme nu est assis. Le ciel bleu irradie dans le paysage campagnard. Le jeune homme est un berger. Où est son troupeau ? Peut-être devant lui. Avec sa tête légèrement inclinée et son corps à l'abandon, le pâtre n'a pas l'air de s'en inquiéter.

Il a glissé son grand bâton entre ses jambes. Son vêtement qu'il a enlevé est enroulé autour de son bras et pend à côté de son bâton.

Les traits de son visage montrent nettement sa jeunesse : cheveux noirs épais, nez dessiné, lèvres charnues et menton affirmé. Le corps est vigoureux même si les muscles ne sont pas soulignés.

Ce tableau ne manque pas de charme en évoquant les temps virgiliens. Tout exprime le calme et la paix.

Hippolyte Flandrin – Jeune berger assis – 1834

Huile sur toile, 174cm x 125cm, Musée des Beaux Arts de Lyon

Par la chair dérobée de son sexe, le corps de ce berger se dissimule. Le peintre a-t-il voulu « désigner » en « cachant » ? D'autant que ce sexe « absent » se situe quasiment au centre du tableau. La toile rouge du vêtement moule la main gauche du jeune homme : cette dernière empoigne-t-elle le sexe ? Et si son sexe était dressé comme nous y invite la symbolique phallique de l'arbre dressé contre lequel le berger est appuyé ?

Qu'Hippolyte Flandrin l'ait ou non souhaité, ce pâtre est un hymne à la beauté masculine, aussi une figure d'une attente et, avant l'heure, d'une disponibilité gidienne.

« Je suis encore tout plein de fraîcheur, comme un printemps. J'ai en moi un grand fleuve qui coule, quelque chose qui coule, quelque chose qui bouillonne sans cesse et qui ne tarit point. Style et muscles, tout est souple encore. »

Gustave Flaubert (1821-1880)

in Correspondance, tome III, Gallimard/ Bibliothèque de la Pléiade, 1991, ISBN : 2070106691, p. 64

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