La théorie climatique de Richard Francis Burton sur l'homosexualité (1885)
Il est à remarquer que partout l'homosexualité existe à quelque degré, mais qu'il semble y avoir une tendance plus accusée à l'homosexualité (avec ou sans inversion sexuelle, la chose n'est pas claire : chez certaines races et dans certaines régions. En Europe, elle est le plus manifeste dans l'Italie du Sud, qui s'oppose sur ce point à l'Italie du Nord, bien que les Italiens avouent plus franchement que les hommes du Nord, leurs pratiques sexuelles. Jusqu'à quel point ces pratiques sont dues à l'influence et au sang grecs, cela n'est pas aisé à déterminer actuellement. On doit se rappeler, en parlant d'un pays septentrional comme l'Angleterre, que les phénomènes homosexuels ne s'y présentent pas de la même manière que dans l'Italie méridionale de nos jours ou que dans l'ancienne Grèce.
Sir Richard Francis Burton, qui avait étudié de près la question, regardait le phénomène comme « géographique et climatique, mais non pas ethnique ». Voici d'ailleurs ses conclusions :
1°) Il existe ce que j'appellerai une Zone Sotadique, bornée par les rives septentrionales de la Méditerranée (43° lat. N.) et ses rives méridionales (30° lat. N.) ; la largeur serait de 780 à 800 milles, en y comprenant la France Méridionale, la péninsule ibérique, l'Italie et la Grèce, et les côtes d'Afrique, du Maroc à l'Egypte.
2°) Vers l'Est, la Zone Sotadique se rétrécit et comprend l'Asie-Mineure, la Mésopotamie, la Chaldée, l'Afghanistan, le Sind, le Penjab et le Kashmir.
3°) En Indo-Chine, la Zone s'élargit de nouveau, avec le Turkestan, la Chine et le Japon.
4°) Puis elle comprend l'Océanie, et le Nouveau-Monde où, lors de la découverte, l'amour sotadique était, à part quelques exceptions, une institution ethnique établie.
5°) Dans la Zone Sotadique, le vice est populaire et endémique, et en tout cas n'est qu'une peccadille, au lieu qu'au Nord et au Sud de la zone il ne se rencontre que sporadiquement, et est entaché d'opprobre de la part de gens, qui, en règle générale, seraient physiquement incapables d'accomplir l'acte, lequel en outre les dégoûte ». Il ajoute : « La seule cause physique que je puisse trouver à cette pratique, et qui d'ailleurs n'est qu'une hypothèse, c'est qu'à l'intérieur de la Zone Sotadique il y a une exacerbation du tempérament masculin et féminin, une crase qui ne se rencontre ailleurs qu'exceptionnellement (Arabian Nights, 1885, tome X, pp. 205-254).
Cette théorie de la Zone Sotadique est très curieuse ; mais comme l'a fait remarquer un critique, elle pas l'existence de la coutume chez les Normands, les Celtes, les Scythes, les Bulgares et les Tatars et de plus dans les mêmes régions, des points de vue divers se sont succédé à des moments différents. Burton ignorait complètement les recherches modernes sur l'inversion sexuelle.
in L'inversion sexuelle (Etudes de psychologie sexuelle – Tome II), Havelock Ellis, édition française revue et augmentée par l’auteur, traduite par A. Van Gennep, Paris, Mercure de France, 12e édition, 1934, p. 49