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Robert Mapplethorpe, l'art et le scandale par Bernard Joubert

Publié le par Jean-Yves Alt

Robert Mapplethorpe naît en 1946, à Floral Park, Long Island. A 17 ans, il quitte sa très catholique famille pour s'inscrire dans une école d'art de Brooklyn, le fameux Pratt Instituts où ont étudié bien des artistes de renom. Il fait petit à petit connaissance avec les milieux artistiques de Manhattan et, notamment, avec John Mc Kendry, responsable de la section photo au Metropolitan Museum of Art qui le convainc de devenir photographe professionnel. Soutenu par plusieurs personnalités des beaux-arts – dont le collectionneur Sam Wagstaff et le peintre Andy Warhol – il devient le portraitiste recherché par la jet-set new-yorkaise. Arnold Schwarzenegger et John Paul Getty III posent devant son objectif. Il collabore au magazine Interview et réalise des pochettes de disques. Mais parallèlement, lorsqu'il fait œuvre personnelle, il n'hésite pas à puiser son inspiration dans le sexe et la pornographie. Ses amants sont bien souvent ses modèles. En 1976 il expose à la Holly Solomon Gallery, en 1977 au Kitchen de Soho, en 1979 à la Robert Miller Gallery. En quelques années, en se permettant toutes les audaces, il est devenu une star de la photo.

Robert Mapplethorpe – Ken Moody – 1984

Photographie

Le 10 mars 1989, à New York, en pleine gloire, Robert Mapplethorpe meurt du sida. Il aura été l'un des rares photographes à savoir conjuguer art et pornographie et à connaître, malgré cela, la célébrité dans une Amérique ultra puritaine. Ce ne fut certes pas sans grincement de dents du côté des censeurs. Mapplethorpe, post-mortem, fut notamment au centre d'une vive polémique soulevée par le sénateur Jesse Helms à la fin des années 80. Soutenu par le président George Bush, Helms s'en prenait aux musées qui, bénéficiant de subventions de l'état via le National Endowment for the Arts (NEA), organisaient des expositions et rétrospectives de l'artiste. Mais les procès pour obscénité furent gagnés par les musées et la tentative de législation visant, entre autre, à interdire le sujet de l'homosexualité dans les oeuvres d'art bénéficiant, pour leur exposition, de subsides de l'état tourna court. Moralité : Jesse Helms, aujourd'hui, est retourné dans les noires oubliettes de la pudibonderie tandis que Robert Mapplethorpe demeure l'un des grands plasticiens de notre temps.

Bernard Joubert, in Gay Comix n°10, sans date

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