Le trentième amour de Marina, Vladimir Sorokine
Ce roman conte l'histoire d'une jeune lesbienne moscovite qui collectionne les maîtresses.
Déflorée à dix ans par son père, la belle Marina, précoce et sensuelle, constate bien vite qu'elle est incapable de jouir avec un homme. C'est seulement avec Macha, une « vieille » de vingt-trois ans, qu'elle connaît son premier orgasme. Elle a alors seize ans et se révèle définitivement lesbienne.
Par la suite, les conquêtes féminines vont défiler. Il y aura Svéta la juive, « qui sentait fort des aisselles et du sexe » ; Irina, qui aimait tant qu'on lui caresse le sexe et écartait les jambes jusqu'au grand écart ; Vika, qui demandait à Marina de lui mettre le pilon... ainsi de suite jusqu'à Sacha, le vingt-neuvième amour de Marina.
A trente-ans, épicurienne en diable (elle aime faire l'amour et manger du caviar), et socialement marginale : elle enseigne le piano, fréquente les dissidents et les étrangers. Marina est malgré tout insatisfaite. Au plus profond d'une crise métaphysique, tel Claudel derrière un pilier de Notre-Dame, elle a sa « révélation ». Elle rencontre, en effet, Sergueï qui deviendra son trentième et ultime amour.
Ce cadre pur et dur du Parti va, tout à la fois, la faire magistralement jouir et lui communiquer ses certitudes communistes. Marina a enfin un but. Se convertissant en travailleuse stakhanoviste, elle abandonne le piano pour l'usine et devient une parfaite jeune fille soviétique.
Telle est la fable que conte, avec humour et désenchantement, Vladimir Sorokine.
■ Le trentième amour de Marina, Vladimir Sorokine, traduit du russe par Catherine Terrier. Editions Lieu Commun, 1987, ISBN : 2867050901