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Ingeburge la reine interdite, Gérard Morel

Publié le par Jean-Yves Alt

Répudiée par Philippe II Auguste, trimbalée de couvent en couvent, Ingeburge, oubliée de l'Histoire et femme en lutte contre les conventions sociales de son temps, finira reine douairière loin des tumultes de la Cour. Une histoire retracée par Gérard Morel.

Elevée à la cour de Danemark entre une mère acariâtre et un frère aux mœurs contre nature, elle fut, au sortir de son adolescence, arrachée à ce foyer nordique pour être jetée dans la couche royale de Philippe Auguste.

Que le jeu des alliances diplomatiques était cruel aux jeunes filles nées trop bien coiffées ! Mais Dame Ingeburge n'arrivait point pucelle en France. Elle avait déjà commis l'acte de chair avec son précepteur, le comte Pierre de Troullioud (qui, du reste, fut pendu pour son zèle). Son auguste mari venant à l'apprendre lors de la nuit de noce la répudia sur le champ et l'envoya se morfondre au couvent des Dames de Saint-Maur, avant d'engager une procédure de divorce.

Mais Ingeburge avait fier caractère et grande ambition, et ne s'en laissa point conter : tenue recluse de couvent en couvent, elle n'en prit pas moins quelques amants, échappa à plusieurs tentatives d'assassinat et en appela au pape afin qu'il condamnât le divorce, excommuniât Philippe II et jetât l'opprobre et l'interdit sur le royaume de France.

Son irascible époux, qui avait déjà fort à faire à guerroyer contre les Anglais, les Germains et les Flamands, dut céder devant le courroux pontifical et se séparer d'Agnès de Méran, une courtisane de moindre noblesse qu'il avait épousée et engrossée entre-temps. Il dut feindre d'accepter de reprendre de bon cœur Ingeburge auprès de lui, bien qu'ils vécussent ensuite séparés de corps pendant près de dix ans.

Enfin, vingt ans après sa célébration, le roi daigna consommer leur union ; il eut le bon goût de mourir peu après et Ingeburge connut une retraite sereine et bien méritée de reine douairière loin des tumultes de la Cour.

On pourrait pardonner à cette biographie rédigée à la première personne les distances qu'elle prend avec les événements historiques, s'il s'y affirmait une écriture plus savoureuse. L'intérêt du récit est estompé par une narration dont la platitude est loin de faire retrouver le raffinement barbare et somptueux de l'époque qu'elle est censée évoquer.

■ Ingeburge la reine interdite, Gérard Morel, éditions Payot, collection Les romans de l'Histoire, 1987, ISBN : 2228751200

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