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Sur le sexe à l'écran

Publié le par Jean-Yves Alt

De plus en plus souvent, on peut lire dans la presse écrite des éditoriaux qui s'inquiètent du déplacement des normes morales dans une société qui a perdu ses repères traditionnels et dérive au gré des vents.

Et de s'arrêter sur la nature de la sexualité qui envahit le petit écran. A cet endroit de la discussion arrive le critère incontournable : le choix de la qualité.

Les films diffusés par La Cinq ou ARTE, me direz-vous, ne sont assurément pas toujours des chefs-d'oeuvre ! Mais les films classés X de Canal + non plus, et tout un chacun sait que cryptés ou pas, ils sont regardés.

Alors ?

Alors il y a la morale de l'abonné, du riche, il y a le sexe chez soi, à des heures impossibles (les mêmes heures, à peu de chose près d'ailleurs, que pour la culture… après 22 h) ; et il y a l'heure des familles qui, de fait, veulent du sexe à gogo mais n'osent le dire.

Et derrière les foyers familiaux, les enfants, ces chers petits qu'il faut protéger de la souillure du monde…

Et alors ? Où sont-ils les téléfilms et les films qui parlent du sexe et le montrent autrement ? Où sont-ils les discours sur la sexualité qui méritent d'être écoutés sans vomir ? Qui fait quoi pour que la parole et le regard sur le sexe change ?

Le sexe restera honteux, sale et coincé, tant qu'on en parlera qu'à voix basse, qu'on le réduira à la discrétion de la nuit ?

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Chanson de la petite folle par Federico Garcia Lorca

Publié le par Jean-Yves Alt

La petite folle se coiffe

dans son peignoir de satin.

On échange des sourires

entre voisins aux fenêtres.

La petite folle compose

une à une ses bouclettes.

La cour bruit de perroquets,

de jets d'eau et de planètes.

La petite folle se pare

effrontément d'un jasmin.

La nuit extravague avec

ses liserons et ses peignes.

Le tumulte de la ville

frémit, rayé comme un zèbre.

Les petites folles du Sud

aux terrasses vont chanter !

Federico Garcia Lorca


Lire aussi du même auteur : Ode à Walt Whitman - A cinq heures de l'après-midi - Chant funèbre par Federico Garcia Lorca

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La maison des périls, Richard Stevenson

Publié le par Jean-Yves Alt

Dave Brandstetter de Joseph Hansen n'est pas le seul privé homo en activité dans les polars d'outre-Atlantique, Donald Strachey lui fait concurrence, et sacrément.

Même génération (il a quarante-trois ans), même vie en couple, avec Timmy : ils forment un duo sérieux depuis six ans.

La maison des périls appartient, plus qu'aucun autre polar, à l'ère de Reagan et du sida. L'histoire du kidnapping d'un jeune militant gay et de l'intimidation de toute la communauté homosexuelle, hommes et femmes confondus, d'Albany (état de New York) est bien ficelée. On y retrouve tous les stéréotypes indispensables à la bonne marche du genre : homme d'affaires véreux, flic viril et dominateur...

Mais ce sont les gays qui retiennent surtout l'attention : un couple de lesbiennes plus très jeunes mais dont la combativité reste bien vaillante, un flic pas encore sorti du placard (un stage à San Francisco l'aidera bien) et une petite poignée de militants de la cause qui entendent manifester, cesser le travail et laisser la majorité hétéro essayer de faire marcher le pays à elle seule pendant une semaine...

Du charme, du mouvement pour ce polar de bonne série. De quoi passer une bonne nuit blanche.

■ La maison des périls, Richard Stevenson, Editions Gallimard/Série noire n° 2024, 1985, ISBN : 2070490246


Du même auteur : Les damnés du bitume - Tous les damnés ont froid

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L'homosexualité telle qu'on la pratiquait dans la Grèce ancienne vue à travers un mythe exemplaire

Publié le par Jean-Yves Alt

Quand on étudie les anciens mythes grecs, on s'aperçoit que l'homosexualité est toujours liée à la pédagogie et à l'initiation (1). Dans de nombreux mythes, on voit un maître et un élève. Le maître est l'éraste, c'est-à-dire l'amant au sens actif du terme, et l'élève est l'éromène, au sens étymologique « celui qui est aimé » : il a donc un rôle sexuel passif.

Presque tous les mythes grecs se confondent à ce modèle, comme celui d'Apollon et Hyacinthe. Apollon aime Hyacinthe. Il l'aime activement. Il le voit, il l'emmène avec lui à la chasse et il lui apprend non seulement l'usage de l'arc et de la lance, mais aussi l'usage de la lyre, la poésie, la musique...

C'est donc le maître au sens total du terme.

mort-de-hyacinthe-par-jean-broc-1801-musee-de-poitiers.jpgUn jour, au cours d'une épreuve, Apollon apprend à Hyacinthe, son élève et amant, à lancer le disque. Mais le disque, en pierre, heurte la tête de Hyacinthe et le tue.

Dans certains textes le mythe s'arrête là, mais dans d'autres il y a une suite : Hyacinthe ressuscite et apparaît sous les traits d'un homme barbu, alors qu'avant il était parfaitement imberbe.

Le sens est clair : Apollon a tué un tout jeune homme, au statut inférieur, passif, égal à celui d'une femme, et l'a ressuscité en un citoyen adulte et barbu. A Sparte, car le mythe est spartiate, les guerriers sont toujours barbus. Voilà un exemple typique de mythe initiatique, avec un aspect affectif et sexuel tout à fait clair, c'est le maître qui a permis à son élève de devenir un homme à son image, égal à lui-même.


(1) cf. Bernard Sergent, Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens, Editions Payot, 1996, ISBN : 2228890529


Image : La Mort de Hyacinthe, tableau peint par Jean Broc en 1801

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Hommage à celui qui rend beau le monde… par Marc Chagall

Publié le par Jean-Yves Alt

Il s'est arrêté un instant.

Une toute petite minute de repos. Ses deux jambes, légèrement écartées et solidement ancrées au sol, il contemple les effets de son travail.

Il a bigrement raison. Car sans lui, comment serait le monde ?

Ce dernier lui rend hommage en lui offrant, ce court instant, les feux de la rampe.

Mais personne ne le voit. Qui l'encouragera, au quotidien, à poursuivre sa quête d'embellissement du monde ?

Marc Chagall – Le balayeur – 1914

Huile, gouache et crayon sur papier – 49 cm x 35,5 cm – Galerie d'Art d'Etat P. M. Doganine, Astrakhan (Russie)


J'ai pu admirer cette peinture à l'exposition « Marc Chagall – Entre Ciel et Terre » à la Fondation Gianadda à Martigny (Suisse) en juillet 2007.

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