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De l'amour par Saadi (2/2)

Publié le par Jean-Yves Alt

Un maître avait un disciple d'une si rare beauté, qu'il ne put s'empêcher d'en être épris, et, loin de lui cacher sa faiblesse, il lui avoua qu'il avait tant de plaisir à le regarder, qu'il ne détournerait pas les yeux, quand même il verrait mille flèches prêtes à le percer. Le jeune homme lui ayant dit :

« Si votre esprit est trop préoccupé pour vaquer à vos études ordinaires, au moins appliquez-vous à diriger mes penchants suivant les règles de la morale, avertissez-moi si vous trouvez dans mes mœurs quelque défaut à reprendre, afin que je puisse me corriger.

– Des défauts, ô mon fils ! Adresse-toi à d'autres pour les connaître. L'œil de l'amour ne voit jamais que des vertus. Tu n'en aurais qu'une seule avec cinquante vices, que ton ami ne verrait que cette vertu. »

Saadi, poète persan du XIIIe

■ in Le jardin des roses, Editions Auzou, 2004, ISBN : 2733807536, pages 35/36


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Puissance de la forme avec Alexis Nema

Publié le par Jean-Yves Alt

Le martyre de saint-Sébatien est une figure classique de la peinture religieuse. Les mains liées derrière le dos, il est livré aux flèches de ses bourreaux, qui s'acharnent en vain.

Alexis Nema propose sur son site des mises en scène de créations numériques interactives. L'une d'elle s'inspire directement du martyre de saint Sébastien.

L'internaute à partir d'un simple monochrome blanc, symbolisant saint Sébastien, peut à loisir « lancer ses flèches » et blesser le saint.

L'animation proposée joue avec le temps, plus exactement celui du temps réel de chaque spectateur.

Aux points d'impacts, le sang en croix rouge finit rapidement par s'estomper : la chair immaculée triomphe toujours !

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L'Annonciation vue par Maurice Denis

Publié le par Jean-Yves Alt

Quatre personnages dans ce tableau dont l’un est immédiatement reconnaissable : cette femme auréolée dans une position d'écoute et d'acceptation est Marie, la future mère de Jésus. La blancheur de son vêtement et la ligne de sa silhouette évoquent la fleur de lys, symbole traditionnel de sa virginité.

Tout porte ainsi à penser, malgré le caractère étrange du titre (Mystère catholique), qu'il s'agit de la représentation d'une Annonciation, transposée dans le monde contemporain au peintre : le prêtre précédé des deux enfants de chœur prenant la place de l'ange Gabriel.

Chaque personnage a l'air de détenir un secret et les regards sont empreints d'un profond recueillement ou d'une grande solitude.

Aucun rayon lumineux ne vient marquer la présence de Dieu, ni colombe pour symboliser l'Esprit Saint. Seul le livre, les évangiles sans doute, fortement éclairé, souligne l'importance du message transmis.

Le mystère est accentué par le cadrage hors champ du sol qui donne cette impression de lévitation des personnages.

Mystère catholique de Maurice Denis, 1889

Huile sur toile, 97cm x 143cm

Musée départemental Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye

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De l'amour par Saadi (1/2)

Publié le par Jean-Yves Alt

Un courtisan avait un jeune esclave d'une beauté excellente, qu'il aimait avec passion. S'entretenant un jour avec un de ses amis :

« Quel dommage, disait-il, qu'un esclave si beau ait une méchante langue, et soit sujet à tant de vices !

– Oh mon frère, répondit l'ami, dès que vous avouez votre amour, il n'y a plus d'esclavage. Entre un amant et un objet aimé, les noms de maître et d'esclave doivent disparaître. Souvent dans leurs jeux et leurs plaisirs, ils changent de rôle. Comment pourraient-ils conserver, l'un son empire, l'autre sa docilité ! »

Saadi, poète persan du XIIIe

■ in Le jardin des roses, Editions Auzou, 2004, ISBN : 2733807536, page 35


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Vivre à travers le filtre de la littérature par Hugo Marsan

Publié le par Jean-Yves Alt

Le vieil écrivain qui est là, assis devant vous, ce soir encore, dans cette maison grise, est incapable de s'abandonner aux seules sensations de sa peau.

J'ai pu dire, et je l'ai écrit : Je sens la douceur du soir, mais ce sont des mots, des mots suggestifs certes, mais qui n'écument que l'illusion de la douceur. Les êtres d'imagination ne voient ce qui les entoure qu'à travers le filtre de la littérature et de l'art.

Constat banal, admettrez-vous, mais constat cruel. J'ai perdu – je n'ai jamais connu – la volupté de faire corps avec l'espace. Et ai-je jamais fait corps avec un autre corps ? Je ne suis que regard. Le parc qui m'environne – comme le parc qui m'entourait là-bas – je le vois comme je l'ai appris dans les livres. Le jardin où, au crépuscule, Mme de Rénal s'abandonne aux bras de Julien Sorel, enveloppé de nuit, existe réellement pour moi, il entre en moi, je tremble aux moindres palpitations de ses arbres, je m'imbibe du parfum nocturne de ses fleurs, parce que ces arbres et ces fleurs sont le décor écrit d'une passion dont je sais déjà la mort.

Je ne me plains pas, oh non vraiment je ne me plains pas de la vie de papier qui a été la mienne, mais j'envie ceux dont le corps embrasse l'herbe et la terre, herbe et terre eux-mêmes, ceux qui se roulent dans la mer compacte et révoltée, vague parmi les vagues... Thérèse avait ce don. Je lui disais : Tu es un morceau de soleil. Elle était la médiatrice qui me reliait au reste du monde, qui me connectait au règne animal ?

Hugo Marsan

■ in Abel, Editions Mercure de France, 2007, ISBN : 9782715226586, page 171

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