Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Images de l'homme

Publié le par Jean-Yves Alt

Les années 80 ont consacré la prééminence de l'image. Images de soi, images médiatisées, images de l'homosexualité, images de l'homme. Les intellectuels ont eu, alors, peur du règne de l'image.

Les images de la publicité ont tellement magnifié le corps masculin qu'elles ont brouillé les codes. L'homme-objet utilisé dans la publicité a relativisé le concept de femme-objet.

Le look et l'apparence imposent-ils une morale ? S'offrent-ils à notre libre-arbitre ? Si on utilise l'image de l'athlète, du sportif, du corps masculin magnifié dans ses muscles, n'est-ce pas une façon – aussi – de magnifier le machisme ? Ou est-ce simplement la recherche d'une émotion esthétique ?

Si l'on considère la publicité comme l'art des XXe/XXIe siècles, alors Léonard de Vinci ferait-il, aujourd'hui, des spots de pub ou des clips vidéo ?

Voir les commentaires

La plus grande partie de la vie… par Edward Morgan Forster

Publié le par Jean-Yves Alt

« La plus grande partie de la vie est si terne qu'il n'y a rien à en dire, et les livres et les discours qui tentent de lui donner un intérêt sont obligés d'exagérer dans l'espoir de justifier leur propre existence.

A l'intérieur du cocon tissé de travail et d'obligations sociales, l'esprit des hommes somnole la plupart du temps, enregistrant des alternatives de plaisir et de douleur, mais sans rien de la vivacité que nous nous attribuons.

Il y a des moments, dans les jours les plus secoués, pendant lesquels rien n'arrive ; nous continuons, il est vrai, à nous exclamer :

"Comme je suis heureux!" ou "C'est horrible", mais c'est sans sincérité. "Dans la mesure où je ressens quelque chose, c'est de la joie, c'est de l'horreur", il n'y a en nous rien de plus que cela et un organisme parfaitement adapté demeurerait silencieux. »

Edward Morgan Forster

in La route des Indes – 1924

Voir les commentaires

Yoga, Kâma : Le corps est un temple, Alain Daniélou

Publié le par Jean-Yves Alt

Alain Daniélou a vécu quinze ans au Rewa Kethi, un palais au bord du Gange. Parti pour l'Orient avec un ami, il n'en est revenu que vingt ans plus tard. Dans un magnifique récit autobiographique "Le chemin du labyrinthe", il racontait sa vie de jeune bourgeois catholique rompant les amarres pour vivre, dans des terres étrangères, son homosexualité et sa passion de l'Orient.

Être proche du divin

Pour comprendre le yoga et ses techniques, il est essentiel de se rappeler que le mouvement incessant de la pensée cérébrale constitue le brouillard qui nous masque le divin. Les plaisirs du goût, de l'odorat, du toucher, de la vue, de l'ouïe, du sexe peuvent conduire par contre à une perception de l'harmonie divine à travers les êtres et les choses.

Beaucoup de livres ont été écrits sur le yoga. C'est un bon marché ! Si je recommande celui-ci, c'est que son auteur sait de quoi il parle. Médium entre deux cultures (jeune Français catholique conscient de ne pas «être» pleinement lui-même, Alain Daniélou quittera l'Europe pendant plus de vingt ans à la recherche d'une autre culture très proche de ses aspirations), l'auteur (mort en 1994) a commencé par apprendre : il connaissait le sanskrit et parlait l'hindi parfaitement.

Son livre est une somme jamais racoleuse. Dans cet ouvrage, on retrouve ses études antérieures complétée par toutes les connaissances nouvelles ou plus précises que sa vie au milieu des hindous lui a permis de recueillir. Loin de toute vulgarisation abusive, "Yoga, Kâma : Le corps est un temple" est un ouvrage capital. Il est plus que didactique, il offre la philosophie qui peut nous rapprocher d'une connaissance intérieure de nous-mêmes.

J'ose utiliser un mot galvaudé : c'est de la conquête du bonheur qu'il s'agit. Une tranquille victoire qui passe par les sens, les intensifie mais ne les emprisonne pas dans la seule course aux plaisirs.

■ Yoga, Kâma : Le corps est un temple, Alain Daniélou, éditions Kailash, 2005, ISBN : 2842681312


Du même auteur : Le bétail des dieux et autres contes gangétiques


Lire un article de l'hebdomadaire Le Point du 24 juin 2010 : Alain Daniélou accusé par son dernier disciple d'avoir trahi l'hindouisme

Voir les commentaires

Nicholas Nixon et le sida

Publié le par Jean-Yves Alt

C'est en 1987, que le photographe Nicholas Nixon décide de contacter des malades du sida, par l'intermédiaire d'un comité d'action. Quelques personnes acceptent alors d'être régulièrement photographiées, mois après mois, chez elles ou à l'hôpital.

Si elles sont souvent dures, ces photos ne donnent pas dans le sensationnel : elles sont intimes, montrant les malades seuls ou avec leurs familles.

Parfois, comme dans cette première photographie présentée, le malade pose avec défi, torse nu.

Pour exister, une catastrophe doit-elle passer par l'image ?

« Faire face au sida, consiste d'abord à s'habituer à son aspect », pourrait être la conviction de Nicholas Nixon. A quoi sert de recouvrir une ville d'autocollants "Silence = Mort" si on n'ose regarder un malade du sida en face ?

Ce malade pourrait être vous. Il sera peut-être vous. Et la vie ne s'arrête pas avec un diagnostic.

Voir les commentaires

Homophobie, peur de l’équivalence entre homo et hétérosexualité

Publié le par Jean-Yves Alt

Dire « pédé », « enculé »… rappelle la hiérarchie des sexualités, et renvoie l’homosexuel à sa place.

Celui qui profère ces mots fait entendre que l’homosexuel ne peut pas partager son univers. Que l’homosexuel ne peut avoir les mêmes droits. C’est ce que clame haut et fort l’insulte. L’exclusion.

« Pédé », « enculé »… ne sont pas que des mots. Car ces mots véhiculent une histoire. Celle de la persécution, de la justification théologique, psychanalytique, psychiatrique. La justification de la mort même des gays et des lesbiennes.

On commence à percevoir maintenant l’homophobie comme un discours de haine alors qu’auparavant elle était nécessaire, indispensable dans l’éducation, particulièrement dans celle des garçons : « être un homme c’est surtout ne pas être une femme, ne pas être un pédé ». Cela fait encore partie de l’éducation de l’homme, du masculin.

Il y a une tyrannie du silence. Les hétérosexuels qui vont chaque jour à leur travail restent hétérosexuels, ils n’y pensent pas, ils sont simplement normaux, ils n’ont pas comme on dit d’« orientation sexuelle » ; seuls les gays et les lesbiennes en ont une. Quand les hétérosexuels sont sur leur lieu de travail, ils parlent de leur mari, de leur femme, ils ont une alliance au doigt… ils s’identifient constamment en tant qu’hétérosexuels par de petits mots codés dont ils n’ont même pas conscience.

Les homosexuels font ce qu’ils veulent dans leur vie privée mais ils ne peuvent se manifester en tant que tel : on tolère leur homosexualité sous condition que cette homosexualité ne soit pas dans l’espace public.

L’homophobie ne serait-elle pas aujourd’hui la peur de l’équivalence entre homosexualité et hétérosexualité ?

Voir les commentaires

1 2 > >>