Voleur de poules, Roger Knobelspiess
Voleur de poules, sous-titré "Une histoire d'enfant". Pour la petite histoire, rappelons que Knobelspiess a passé vingt-six ans en prison. D'où l'importance - pour qui fut privé de jeunesse - de se raconter son enfance.
Et cette certitude que vivre en famille - quelle que soit la misère matérielle - vaut toutes les assistances philanthropiques. Le père a tous les vices : pauvre, alcolo, chapardeur... mais quelle tendresse du fils pour ce père qu'il accompagne dans ses randonnées nocturnes. Car ce père est un héros. C'est là, la beauté de ce roman autobiographique, drôle et tendre.
Tout ce monde - et cette mère, et les frères aussi, et la voisine triste qui écoute des chansons de Piaf - vit dans un bidonville. C'est un autre apprentissage, un de ces merveilleux livres de souvenirs où tout brille d'être neuf et premier. Le père meurt. Les fils encore mineurs prennent sa succession. Ce n'est pas du Zola, mais c'est un récit qui plonge ses racines dans le social. Et grâce au dieu Mercure (roi des voleurs et des acrobates de haut vol), aucun souci de réhabilitation ne vient ternir cette mémoire.
Pas de psychologie radoteuse, Knobelspiess raconte, et il raconte fort bien : la joie... et les blessures. La vindicte, alors, explose en un bref éclair :
« Il y en a qui se contentent de naître, à bon port, sous le soleil. Les exclus, les damnés, flamboient comme ils peuvent...»
■ Voleur de poules, Roger Knobelspiess, Editions J'ai Lu, 1992, ISBN 2277232106