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Quand la Renaissance était importée…

Publié le par Jean-Yves Alt

C'est à la demande de François Ier qu'en 1518 Andrea del Sarto vint s'installer en France et ce pour plusieurs mois. Le roi mécène voulait en effet suggérer aux artistes français de l'époque, aux peintres en particulier, son goût qu'il avait pour les œuvres de la Renaissance italienne.

Andrea del Sarto s'était jusqu'ici brillamment illustré dans sa ville natale, où il était considéré comme un artiste doué d'une grande sensibilité et le représentant le plus marquant du classicisme florentin.

Son passage en France, quelque douze ans avant le commencement de la construction du château de Fontainebleau, allait donner le jour à un seul tableau, La Charité (1).

Mais sa venue sera surtout l'occasion pour des artistes encore influencés par le gothique international, de cristalliser deux enseignements non pas contradictoires mais très différents. Celui de l'école du Nord (germanique en particulier) et celui, alors plus convoité, de la Renaissance italienne.

Andrea del Sarto – Tête d'homme

Sanguine, Réunion des Musées Nationaux


(1) La Charité, reprend la construction en pyramide de la Sainte Anne de Léonard de Vinci.

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Sur la Faute originelle, autre lecture des écritures

Publié le par Jean-Yves Alt

La « Faute originelle » a-t-elle à voir avec une faute morale ? Cet événement n'est-il pas à lire comme le passage d'un état à un autre ?

Ne faut-il pas envisager l'expulsion du jardin d'Éden comme la parturition de l'homme humain par Dieu ?

Dans le jardin, Ève et Adam, ne seraient alors que des embryons ; ils ne seraient pas encore nés. Le péché ne serait plus alors d'avoir mangé la pomme de l'Arbre du bien et du mal, d'avoir connu une partie du secret divin. La Faute, et sa conséquence, c'est l'accouchement par Dieu, de l'humain, et l'obligation qui est faite à cet humain de se multiplier, de s'accroître.

Auparavant, l'homme et la femme apparaissaient comme en train de jardiner l'Éden jusqu'à la fin des temps, dans un état fœtal éternel.

La Faute, c'est la naissance de l'homme en tant que tel. La Faute est la rupture historique de Dieu avec sa créature. La Faute entraîne aussi une nouvelle solitude de Dieu.


La Faute Originelle vue par Paul Nothomb

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Communion absolue par Philippe Besson

Publié le par Jean-Yves Alt

« L'après-midi, pour tenter d'échapper à la malédiction de cette canicule, nous filons nous baigner. […] Voilà, Paul a un corps d'homme. Un sexe d'homme.

Je n'ai rien vu venir. Je ne me suis rendu compte de rien. Je n'ai pas prêté attention aux changements intervenus dans sa constitution. Tout à coup, cette métamorphose m'apparaît, elle me saute aux yeux, elle est immanquable. […]

Je vois un sexe d'homme pour la première fois. Je n'ai pas été précoce, je le concède. Mais quand on n'a pas de père, il est des choses qu'on apprend à retardement. Et, quand on habite un État du Sud, celles de la « volupté » sont entourées d'un puissant secret, ou enterrées profond. On n'en parle pas. C'est tabou. Ou c'est sale. Ou pas convenable. […]

Du coup, je ne suis presque pas surpris (à rebours) d'avoir été confronté à la réalité de la chair à ce moment précis. Car ce corps nouveau, celui de Paul, n'est pas seulement l'aboutissement d'une transformation, il est aussi le commencement de la sensualité.

Sur le moment, je trouve cela beau, un sexe de jeune homme. Quinze années ont passé et je continue de trouver cela beau. Non, décidément, je ne fais pas partie de ces types que les corps masculins rebutent, qui grimacent de dégoût, avec des moues parfois si appuyées qu'elles finissent par en devenir suspectes. Au contraire, je suis capable de contempler mes semblables et de leur trouver du charme. Je n'ai jamais franchi la frontière, même si l'occasion s'est présentée. Je ne suis jamais allé jusqu'à l'étreinte. Peut-être parce qu'il ne s'agissait chez moi que d'une faculté à regarder, à reconnaître, et pas d'une attirance.

Il y a autre chose aussi, mais que j'ai compris plus tard. Si je ne suis pas allé vers les hommes, c'est parce que j'avais Paul. […]

Si mon premier sentiment a été de nature esthétique, le deuxième porte un nom simple : l'envie, Je dis bien envie et non désir. L'envie des enfants qui aperçoivent un gâteau dans la vitrine d'une boulangerie et le réclament immédiatement à leur mère, qui repèrent un jouet dans un catalogue et se livrent à des manœuvres redoutables pour l'obtenir, qui découvrent leur meilleur ami sur un vélo flambant neuf et souffrent en silence de ne pouvoir se prévaloir d'une aussi fière monture. Oui, cette envie-là. […]

Quand ses yeux daignent enfin se poser sur moi, ils fixent forcément un être misérable, recroquevillé dans l'eau, les mains repliées sur le bas du ventre, la chair de poule courant sur les bras.

En un éclair, il mesure ma stupéfaction, mon émotion et mon désarroi. Mon bouleversement. Aussitôt, son sourire s'estompe pour laisser place à une expression très douce, presque compatissante, qui n'est pas de la pitié mais bien le signe d'une affection intense. D'un amour peut-être. […]

Il nage dans ma direction, me contourne, se faufile derrière moi puis s'immobilise. Il se tient là, contre mon dos, sans prononcer un mot. Je ne bouge pas. Je pourrais me retourner, m'inquiéter de sa présence, si près de moi, croire à une menace, chercher à m'en éloigner pour ne rien risquer. Mais non. Je comprends qu'il convient de ne pas bouger. Que c'est une cérémonie.

Paul m'enlace, il passe ses bras autour de moi, les referme sur mon torse, pose son menton sur mon épaule, sa joue touche la mienne, il ne dit rien. Nous avons de l'eau jusqu'aux hanches.

Est-ce que vous voyez l'image ?

Je sens sa peau mouillée, ruisselante contre moi, ses cheveux qui dégoulinent, et son sexe qui frotte contre mes fesses. Mon cœur qui cogne sous son étreinte. C'est un moment de communion absolue. »

in La trahison de Thomas Spencer, Philippe Besson, Éditions Julliard, janvier 2009, ISBN : 9782260017707, pp. 76/81

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Contrastes chez Joachim Patenier

Publié le par Jean-Yves Alt

Rochers escarpés au profil troublant et fantastique, terre jaune quasi factice, arbres feuillus qui rappellent ceux de Cranach, villes lointaines semblant sortir de nulle part, personnages cocasses qui rappellent ceux de Bosch, plans d'eau dessinant des courbes dans le lointain, ciels liquides... voilà les éléments qu’on retrouve dans les tableaux de Joachim Patenier (ou Patinir).

Les personnages sont si petits qu’ils laissent toute la place au paysage.

Les paysages de ce peintre sont délicieux pour les dégradés de vert et de bleu qui étendent l'espace à l’infini.

L'élément dont la présence est la plus forte est ce monument mégalithique imaginaire et comme incliné sous la poussée d'un vent antédiluvien. De la végétation pousse dans ses creux. Son sommet, semblable à une tête statufiée, m’évoque un gardien effaré dominant un paisible panorama du pays anversois. Sur le flanc, une grotte permet d’abriter saint Jérôme.

Joachim Patenier – Saint Jérôme – vers 1516

Peinture à l’huile, Musée du Prado, Madrid

Sensibilité contrastée dans cette toile où les aspérités du rocher contrastent avec le velours sombre des arbres. Où la densité urbaine des villages miniatures tranche avec l'étendue métaphysique des surfaces d'eau transparente. Où l'horizontalité du paysage flamand contraste avec ces rochers qui s'élèvent vers le ciel.

Opposition, enfin, entre une chronique du quotidien à travers les minuscules personnages disséminés dans le paysage et l’atmosphère générale, onirique et irréelle.

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Identité féminine par Dominique D.

Publié le par Jean-Yves Alt

Richard Rein est l'auteur du film intitulé Apparence féminine, sur Jean-Paul qui ne s'est jamais reconnu dans le sexe masculin et qui est devenu lui-même en se donnant l'identité d'une femme : Dominique...

Elle s'explique dans ce film sur cette transformation :

« ... Avant, j'avais un prénom de garçon : Jean-Paul et ça fait très drôle de dire ça, ça paraît très très loin. »

« J'aimais le rêve, j'aimais les bijoux, j'aimais les toilettes des femmes dans les opérettes mais le monde de la femme, ça me semblait beaucoup plus tendre et il me semblait que c'était mon univers à moi. »

« On attend de toi que tu sois un garçon, que tu fasses ta vie d'homme et finalement c'est tellement contradictoire avec toi. Alors j'ai voulu que mon apparence coïncide avec l'intérieur puisque c'est ce qui gêne les gens en fin de compte... Ce que j'aime beaucoup chez l'homme africain, c'est sa grande tendresse, le contraste entre une certaine virilité apparente et une grande tendresse, je trouve ça très émouvant. »

« Je crois que la féminité, la seule vraie féminité, c'est le fait de porter les enfants, c'est la seule chose qui différencie la femme de l'homme, autrement, je pense qu'il y a des différences qui sont sociales, qui sont d'éducation. »

« S'il avait une castration qui se transforme en un vagin réel qui remplisse toutes ses fonctions d'organe féminin reproducteur, bon, on l'accepte la castration, mais pour un élément d'apparence esthétique... Je crois que psychologiquement c'est difficile parce que irréversible et insatisfaisant. »

« Je veux toujours séduire, c'est le côté star... Je veux être bien le plus longtemps possible, je me ferai refaire le nez. Je me ferai... Je pense que je vais bien vieillir. Plus ça va, plus je réalise ce que j'ai envie d'être Je crois que la vie a de bonnes surprises pour moi. »

« Avant tout, je cherche l'amour de quelqu'un, je veux donner de l'amour à quelqu'un et je ne pense pas que ce soit lié à l'absence d'un vagin ou d'un sexe masculin. »

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