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Misogyne ou macho ? par Alain Paucard

Publié le par Jean-Yves Alt

Pour Alain Paucard (1), il ne faut pas confondre le macho et le misogyne.

D'après lui, le macho serait éperdu de vénération devant la mère, la sienne comme celle de ses enfants, ce qui ne l'empêcherait pas de les souhaiter toutes deux bien soumises.

Le misogyne, au contraire, verrait une mère potentielle dans chaque femme, ce qui lui flanquerait la plus épouvantable des peurs mais aurait pour avantage aussi de le rendre lucide, et attentif aux désirs les plus secrets de la femme.

Questions : Le misogyne serait-il le meilleur allié des femmes, et le plus capable de les aimer ? Ou est-t-il voué à l'homosexualité ? Une telle séparation des rôles réduit la marge de liberté individuelle et les pouvoirs de l'adaptation humaine. Elle entérine surtout une autre conviction destructrice : la femme ne choisit pas et se soumet aux fantasmes masculins.


(1) De la misogynie considérée comme un des beaux-arts, Alain Paucard, éditions Acropole, 1990, ISBN : 2735701484

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A l'école, quand tout était justifié, même la mort par Roger Peyrefitte

Publié le par Jean-Yves Alt

Dans Les amitiés particulières, roman autobiographique de Roger Peyrefitte (1944), le père Lauzon, représente la figure terrifiante du supérieur du collège, pédagogue parfait jusqu'au crime :

Ce désir de mort de l'enfant, il est, partout présent, et d'autant plus que tout concourt à sa protection. Il n'est pas besoin de passer au plan du symbolique pour comprendre que l'enfant meurt dès qu'il entre dans le projet du maître pour lequel il représente l'inconnu, le toujours nouveau, l'intolérable. Ce qui est sûr est que, dans cette destruction d'une part irremplaçable de l'individu, la sexualité entre comme facteur primordial.

C'est pointer le désir de mort là où l'amant fait place à l'éducateur. Là encore, l'enfant qu'est censé être Georges, le survivant, voit juste :

« Le vrai coupable, c'était ce prêtre qui avait été l'instrument de la mort. C'est lui qui, au nom du bien, avait fait tant de mal. » (p.432)

L'aveu du prêtre, inaugurateur d'une réconciliation entre adultes du même monde, respectueux du même ordre social et moral, donne à cette intuition son point d'orgue :

« Autant que vous souffriez, vous ne souffrez pas autant que moi. Cet enfant, je l'aimais plus que vous. » (p.434)

L'homme parle à cet instant puis se replie dans le rôle sacrificiel du prêtre :

« La mort de votre ami, si condamnable soit-elle [Alexandre s'est suicidé] , l'a soustrait au pire des péchés. [...] J'ai été implacable parce que je défendais sa pureté, qui était à un âge critique. Le démon du matin est plus redoutable que le démon de midi. C'est lui qui est l'auteur de ce drame, mais c'est Dieu qui a triomphé. » (pp.435-436)

Et remettant à Georges une photo de l'enfant :

« Vous vous souviendrez aussi que c'est en s'éveillant à la vie des passions qu'il mourut. » (p.437)

Ainsi tout est justifié, puisque la leçon, quoique rude, fut profitable !


Roger Peyrefitte, Les amitiés particulières, Jean Vigneau éditeur, 1944

La pagination indiquée est celle de l'édition de 1973, Le Livre de Poche, 443 pages

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Deux films que j'aimerais voir…

Publié le par Jean-Yves Alt

Avant que la chauve-souris n'achève son vol, un film de Peter Timar (1989)

Une femme seule avec son fils adolescent tombe amoureuse d'un homme qui préfère bien vite le fils à la mère.

Sortie 234, un court métrage de Michel Langlois (1988)

Dans les grands espaces de la campagne canadienne, un garçon en aime un autre qui n'est pas branché sur les amours masculines.

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Du crime contre nature par Montesquieu

Publié le par Jean-Yves Alt

À Dieu ne plaise que je veuille diminuer l’horreur que l’on a pour un crime que la religion, la morale et la politique condamnent tour à tour. Il faudrait le proscrire quand il ne ferait que donner à un sexe les faiblesses de l’autre, et préparer à une vieillesse infâme par une jeunesse honteuse. Ce que j’en dirai lui laissera toutes ses flétrissures, et ne portera que contre la tyrannie qui peut abuser de l’horreur même que l’on en doit avoir.

Comme la nature de ce crime est d’être caché, il est souvent arrivé que des législateurs l’ont puni sur la déposition d’un enfant. C’était ouvrir une porte bien large à la calomnie. « Justinien, dit Procope, publia une loi contre ce crime ; il fit rechercher ceux qui en étaient coupables, non seulement depuis la loi, mais avant. La déposition d’un témoin, quelquefois d’un enfant, quelquefois d’un esclave, suffisait, surtout contre les riches et contre ceux qui étaient de la faction des verds. »

Il est singulier que, parmi nous, trois crimes : la magie, l’hérésie et le crime contre nature, dont on pourrait prouver, du premier, qu’il n’existe pas ; du second, qu’il est susceptible d’une infinité de distinctions, interprétations, limitations ; du troisième, qu’il est très souvent obscur, aient été tous trois punis de la peine du feu.

Je dirai bien que le crime contre nature ne fera jamais dans une société de grands progrès, si le peuple ne s’y trouve porté d’ailleurs par quelque coutume, comme chez les Grecs, où les jeunes gens faisaient tous leurs exercices nus ; comme chez nous, où l’éducation domestique est hors d’usage ; comme chez les Asiatiques, où des particuliers ont un grand nombre de femmes qu’ils méprisent, tandis que les autres n’en peuvent avoir. Que l’on ne prépare point ce crime, qu’on le proscrive par une police exacte, comme toutes les violations des mœurs, et l’on verra soudain la nature, ou défendre ses droits, ou les reprendre. Douce, aimable, charmante, elle a répandu les plaisirs d’une main libérale ; et, en nous comblant de délices, elle nous prépare, par des enfants qui nous font, pour ainsi dire, renaître, à des satisfactions plus grandes que ces délices mêmes.

Montesquieu

L’Esprit des lois - Livre XII, chapitre VI - [1748]

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