Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Discrétion de Roland Barthes sur son homosexualité

Publié le par Jean-Yves Alt

Roland Barthes, qui était tout sauf démonstratif, demeurait des plus discrets sur son homosexualité :

« Pourquoi aurait-il eu à dire son amour des garçons – ce que nombre d'esprits sûrs de leur fait n'ont pas manqué de lui reprocher – quand nous n'avons, profondément, aucun mot pour le dire. »

Patrick Mauriès

■ in Roland Barthes, Editions le Promeneur, 1992, ISBN : 2070727971

Voir les commentaires

Homos footballeurs, la grande omerta par Solen Cherrier

Publié le par Jean-Yves Alt

Les joueurs de football se mobilisent régulièrement contre le racisme, pour des oeuvres caritatives. L'homophobie reste, en revanche, un sujet tabou, voire une attitude fréquente dans le milieu, qu'il soit professionnel ou amateur. Malgré les actions d'associations comme le Paris Football Gay, la cause peine à mobiliser, alors que les discriminations sexuelles sont fréquentes.

En 2004, des militants protestaient contre l'homophobie affichée au Parc des Princes. Depuis, le PSG s'est engagé à leurs côtés.

Plus qu'un tabou, une omerta. L'homosexualité chez les footballeurs reste un sujet très sensible, au point d'être totalement niée. Pas un seul joueur professionnel encore en activité n'a confessé de préférence sexuelle pour les hommes. Parce qu'il n'y en a pas ? Certains le pensent encore. Il y a deux ans, au cours d'une émission de télévision, David Ginola assurait: «Je n'ai jamais croisé quelqu'un du côté obscur de la force au cours de ma carrière.» Il n'est pas le seul à vivre dans cette certitude. Des travaux - menés à l'université Lyon-I par le sociologue Philippe Liotard - auprès de sportifs le montrent. Les hommes interrogés estiment «impensable» qu'un de leurs coéquipiers soit homosexuel. Pis, si cela s'avérait, ils ne pourraient plus jouer avec lui. Preuve que le sport reste un vrai bastion homophobe. Le football en premier lieu, avec ses paradoxes (des joueurs idoles métrosexuelles) et ses ambiguïtés (l'homosociabilité au sein d'un groupe).

« Cette négation est révélatrice d'un malaise, commente Philippe Liotard. Comme si le sport pouvait échapper aux statistiques démographiques. » Il y a entre 5% et 10% de gays dans la société : pourquoi n'y en aurait-il pas dans le milieu du foot ? L'homosexualité est juste tue. Vécue comme une maladie honteuse, une grande souffrance propagée par des rumeurs plus ou moins fondées. Récemment, Andrew Walmsley et Corny Littman, respectivement présidents des clubs de Stonewall (Angleterre) et Sankt Pauli (Allemagne), réputés pour leur engagement en faveur de la cause gay, ont pensé faire bouger les choses en déclarant qu'ils connaissaient des homos dans les clubs de l'élite de leurs pays et dans les sélections nationales. Walmsley ajoutait aussi : «Mais faire son coming-out n'est pas envisageable.»

[…] Dans l'histoire du foot, trois cas sont recensés. Deux ont fini en tragédie. Heinz Bonn, modeste défenseur allemand de Hambourg dans les années 1970, a très mal vécu son homosexualité, non révélée mais de notoriété publique. Après avoir noyé son mal-être dans l'alcool, il a été retrouvé assassiné par un prostitué le 5 décembre 1991 dans son appartement de Hanovre. Plus célèbre, l'international espoir anglais Justin Fashanu a vendu ses confessions au News of the World pour 80.000 livres (118.300 euros) en 1990 alors que, fait unique, il était encore en activité. Rejet du milieu et exil aux Etats-Unis. Le 2 mai 1998, il a été retrouvé pendu après avoir été accusé d'abus sur mineur. Il y a deux ans, l'Uruguayen Wilson Oliver a fait son coming-out dans la revue espagnole Gay Barcelona. Il avait dû arrêter sa carrière car il ne supportait plus la marginalisation et la discrimination. On peut aussi citer l'arbitre international néerlandais John Blankenstein, militant engagé, écarté de la Coupe du Monde 1990, selon lui pour avoir été aperçu dans un bar homo.

Forcément, ces exemples n'encouragent pas les candidats à la grande révélation. «Pour faire son coming-out, il faut être très fort. Seul un joueur du calibre de Zidane peut le faire. Et encore, ça ferait des vagues.», glisse Pascal Brèthes, président du Paris Foot Gay (PFG). […]

Chronique de l'homophobie ordinaire. Elle débute dès le plus jeune âge au son de la rengaine : «On n'est pas des pédés.» Et sévit au moins autant chez les amateurs. Yoann Lemaire joue au FC Chooz (DH), dans les Ardennes. Début 2006, il décide de révéler son homosexualité à ses coéquipiers afin d'apaiser sa conscience et ses nerfs. Elle semble acceptée au début (le club est même devenu partenaire du PFG). Avant qu'il ne vive rapidement un cauchemar: insultes des adversaires, indifférence arbitrale et mise à l'écart muant progressivement en mise à pied. «Je me suis planté. C'est une catastrophe. Jamais je ne conseillerai à un joueur de foot de révéler son homosexualité. Je comprends que les pros ne veuillent pas le faire. C'est le meilleur moyen de briser sa carrière et de faire fuir les sponsors. Je ne suis même pas sûr que ça puisse avoir un effet positif. Parce que si ça se passe mal pour le joueur, ça se retournera contre tous les homos.»

Eric Verdier, psychologue psychothérapeute qui travaille sur l'identité masculine, estime ainsi que «l'engagement d'hétéros nettoyés de leur homophobie jusqu'à semer le doute, comme Vikash Dhorasoo, fera davantage avancer les choses.» […]

Du côté de la Ligue et de la Fédération, c'est pourtant silence radio […]

Le Journal du Dimanche (Extraits), Solen CHERRIER, dimanche 17 juin 2007


Lire aussi : L'homosexualité est davantage assumée par les sportives de haut niveau que par les hommes - Femmes sportives, corps désirables par Catherine Louveau - Homo Sportivus - Sophia Aram : on est footballeurs, pas des pédés

Voir les commentaires

« Mon portrait » par Henri-Pierre et Jean-Christophe (*) : là et toujours ailleurs…

Publié le par Jean-Yves Alt

Je suis sensible à cette reproduction de tableau du peintre flamand Michiel Sweerts (reçue par courrier). Elle traduit bien mon essence intérieure.

Je retrouve le sérieux de mon visage qui, me dit-on, ne sourit jamais ; les yeux, à la fois fixe et nulle part, qui brillent comme s'ils n'arrivaient pas à évacuer un trop plein de larmes.

Et puis, cette pose corporelle, cette affectation dans ma manière d'être, que je devine volontiers mienne. Ce manque de naturel, où le moindre geste prenant une attitude quasi-risible, fonde ma présence aux autres.

C'est pourquoi, j'aime m'envelopper, me dissimuler, m'empaqueter dans des vêtements simples et aussi raffinés, afin de me fuir… Ah ! Que l'été et ses chaleurs sont détestables !

Je ne sais pas me donner aux autres. Au mieux, offrir, comme ce jeune garçon, que je ne suis plus depuis longtemps, quelques fleurs. Absent. Eternellement absent.

Garçon avec turban et un bouquet de fleurs (Muchacho con turbante y un ramillete de flores), Michiel Sweerts, 1655

Huile sur toile, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid


(*) Henri-Pierre et Jean-Christophe ne me connaissent que par l'intermédiaire de mes écrits. Merci à eux.

Voir les commentaires

Un amour impossible dans la littérature par Henry-Marx [1923]

Publié le par Jean-Yves Alt

Ryls, mon bien aimé,

Je veux mourir. Je ne sais plus vivre. N'accuse rien, ni personne, et ne m'accable pas trop sous ta peine. La vie me rejette.

Des êtres comme moi, dès qu'ils sont conscients dans leur oisiveté inutile, ne peuvent plus exister. Le travail d'autrui me lapide. La vie me juge et me condamne. Je veux mourir. Je perdrai mon corps dans la montagne ou dans la mer, un jour prochain. Je veux disparaître et n'être pas défiguré en toi. J'ai réfléchi. Je ne peux pas vivre sans être ce que je suis qui m'est, à présent, insupportable. J'appartiens à une espèce d'hommes qui me survivra peu. La vie, c'est l'honneur de vivre ; c'est la conscience organisée. Tout ce qui n'est pas cela ne vivra pas. Je le sais. Tu as illuminé mes ténèbres et je meurs dans la vérité. Et je veux qu'on le sache.

Ne laisse pas dire que je ne valais rien et que ma mort ne tue pas grand' chose ; mais fais comprendre qu'on ne naît pas ainsi à ce qu'on doit être ; il y faut une dynastie d'âmes dont on ne sait pas celle qui régnera. Ce sont tes mots admirables.

Voilà bien des nuits que je me prépare ; mais je ne peux pas me séparer de toi. Je t'aime d'un amour inattendu. Tu es de toutes mes minutes, et pourtant, j'ai discerné, là aussi, une fin lamentable.

L'amour… Je voudrais que tu confesses, un jour, les émotions sans nombre. Tu es un amant qui a bien mérité de l'amour. Mais quoi ? Il faut vieillir ; il faut renoncer à ses grâces, et douter du don de soi que l'on fait à quelqu'un ; il faut arriver à cet âge sensé de l'amant qui ne doit plus se donner parce qu'il ne peut plus réjouir. Devenir un amant déchu qui vit de l'indulgence et de la gratitude des autres… Devenir ça, Ryls, un jour, et savoir, d'avance, qu'on se permettra sa déchéance et qu'on lui trouvera des charmes… Je te le dis pour te désespérer à mon niveau, pour que ma mort te soit moins lourde.

Je termine, mon aimé. Je ne peux plus penser, ce soir. Ton nom sera sur mes lèvres jusqu'à ma fin. Là où je serai, au bord de ma mort, je tendrai vers toi, je te promets, mon visage que tu aimes pour te le donner à jamais.

Didier

■ in « Ryls, un amour hors la loi », un roman écrit par Henry-Marx en 1923, Librairie Ollendorff, pp.180-182

Voir les commentaires

Sur l'égoïsme par Oscar Wilde

Publié le par Jean-Yves Alt

« L'égoïsme n'est pas de vivre comme on le souhaite, c'est d'exiger des autres qu'ils vivent comme on le souhaite. [...] L'égoïsme vise constamment à créer autour de lui une uniformité totale. L'altruisme considère qu'une diversité infinie est une merveille ; il l'accepte, l'approuve et s'y complaît. »

Oscar Wilde

■ in L’âme humaine, Editions Arléa/Poches, 2006, ISBN : 2869597177

Voir les commentaires

1 2 > >>