Tous les livres sont écrits à l'intention d'un ami qui ne nous a pas sauvé la vie par Christine Angot
mais qui, quand il aura lu, va forcément le faire ou passer pour un minable.
Ecrire, c'est dénoncer comme des traîtres et des assassins en puissance, ceux qui ne feront rien après avoir lu, ceux qui ne changeront jamais.
[…] Si tu commences à lire, d'entre les pages, je vais jaillir dans tes bras, tu es prêt ? Et là tu vas m'accueillir, comme je le fais moi, me tenir comme je te tiens moi, sinon tu seras l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, et moi je ne pourrai pas sauver la tienne. Les soins se prodiguent à double sens. Ce n'est pas christique, c'est protocolaire, c'est un contrat. Un engagement.
Chaque fois qu'on saisit un livre, un vrai, on prend le risque et l'engagement de tenir et d'être tenu par un homme ou par une femme.
Christine Angot, TÊTU n°108, février 2006, page 148