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Pour ou contre l'internat ? (2/2)

Publié le par Jean-Yves Alt

L'atmosphère des collèges (et ses influences pernicieuses) se condense dans celle de leurs internats : c'est là le cœur de la machine à fabriquer des petits hommes ; c'est là que le système daté d'une éducation s'avoue dans sa rigoureuse perfection.

De ce lieu d'enfermement tout découle : principes, rigueurs, fautes et châtiments, mais aussi secrets, révoltes, soumissions partagés.

Faut-il le souligner, l'internat, le pensionnat n'est pas le vert paradis des amours enfantines. Lieu de violence, on y surveille, on y punit. La poigne des éducateurs ne peut qu'exacerber la révolte et les sens contre les interdits.

Mais l'ordre justement repose sur cette rébellion, sur ces incartades qu'il susciterait presque pour mieux en jouer et les déjouer à son profit.

Maldoror, le héros des Chants de Lautréamont, n'a pas de mots assez durs :

« Quand un élève interne, dans un lycée est gouverné, pendant des années, qui sont des siècles, du matin jusqu'au soir et du soir jusqu'au lendemain, par un paria de la civilisation, qui a constamment les yeux sur lui, il sent les flots tumultueux d'une haine vivace, monter, comme une épaisse fumée, à son cerveau, qui lui paraît près d'éclater. Depuis le moment où on l'a jeté dans la prison, jusqu'à celui, qui s'approche, où il en sortira, une fièvre intense lui jaunit la face, rapproche ses sourcils, et lui creuse les yeux. La nuit, il réfléchit, parce qu'il ne peut pas dormir. Un jour, sa pensée s'élance au-dessus des murailles de la demeure de l'abrutissement jusqu'au moment où il s'échappe, ou qu'on le rejette, comme un pestiféré, de ce cloître éternel ; cet acte se comprend. » (1)


(1) Les Chants de Maldoror - Chant I - Lautréamont


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