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Ma vie en rose, un film d'Alain Berliner (1997)

Publié le par Jean-Yves Alt

Dans ce film, Alain Berliner s'intéresse aux tracas identitaires d'un petit garçon de 7 ans, Ludovic, qui se prend pour une fille. Le traitement d'un tel sujet aurait pu être passionnant. Mais pour cela il aurait fallu que le réalisateur choisisse d'interroger toutes les questions qui tournent autour de l'identité de l'enfant. Ce qu'il n'a pas choisi de faire. Dommage que jamais le scénario ne se pose la question de savoir comment un petit garçon en vient à se prendre pour une petite fille.

En refusant de réfléchir à la personnalité de Ludovic, le réalisateur n'a fait qu'aplatir le personnage. Comme si « l'inversion sexuelle » en question ici se réduisait à un simple goût disproportionné pour le travestissement, une sorte de fantaisie.

Je ne m'explique toujours pas comment Ludovic arrive à ne pas intégrer la censure que lui applique son entourage. Il continue à s'habiller en fille, à raconter qu'il en est une, sans se rendre compte que ce faisant il transgresse une norme. Pourtant comme tous les petits garçons qui se sont déjà déguisés en fille, je sais dans quels abîmes cette pratique m'a entraîné. On dirait que Ludovic à une telle force psychologique que le regard des autres n'agit pas sur lui. Même si j'accepte bien volontiers que le cinéma n'est pas une traduction du réel, je trouve cela quand même difficile à avaler.

Pour fuir la violence sociale quand même bien présente dans le film, Ludovic se réfugie tranquillement dans un monde enchanté rose pastel, nappé de musique sucrée et de rêve de pacotille. Comme si cette violence ne produisait dans le monde intérieur du garçon ni honte ni culpabilité. Il aurait pourtant été passionnant de voir comment l'enfant réagit quand il prend conscience de son attitude perçue comme monstrueuse par son entourage. Alain Berliner avait là un beau sujet de film : c'était une occasion rêvée d'aborder, par exemple, la question de la sexualité infantile…

Le film en évacuant toutes ces zones de questionnement devient "recevable" à tout public. Mais je doute qu'une telle normalisation du sujet, serve à faire évoluer les idées et les clichés.

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