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Correspondance 1756-1776 de W. A. Mozart

Publié le par Jean-Yves Alt

Correspondance de Wolfgang Amadeus Mozart est-il écrit sur la couverture : pourtant, dans ce premier tome de la correspondance du musicien, c'est surtout son père, Léopold, qui tient la plume. Il est vrai que ce premier tome couvre les vingt premières années de sa vie (1756-1776) et que, de ce fait, on ne saurait y trouver beaucoup de lettres de sa main propre : génie précoce s'il en fut, Mozart ne l'était pas au point de rédiger lui-même, dès l'âge de cinq ans, comme ses premières compositions, ses lettres de voyage.

C'est donc la figure du père qui domine ce volume, figure imposante et autoritaire, contre laquelle Mozart aura beaucoup à se battre par la suite, mais qui est capitale pour la compréhension de son éducation.

Léopold était certes un imprésario avisé, très près de son argent, qui n'hésitait pas à exhiber ses enfants comme des singes savants aux quatre coins de l'Europe et très conscient des trésors que le Ciel lui avait donné (il envisageait déjà de son vivant de faire publier la correspondance de sa famille), il n'en était pas moins un père attentif, soucieux de la santé de sa progéniture et de son avenir. On a beaucoup ergoté sur cette tutelle tyrannique qui obséda Mozart. Sans doute avec raison. Mais il serait faux de vouloir rendre Léopold responsable de tous les maux et on ne saurait nier son apport fondamental dans la formation musicale du jeune garçon.

Cette formation musicale, justement, on la suit pas à pas, depuis la naissance de Mozart en 1756 (annoncée d'ailleurs de manière fort anodine dans une lettre de Léopold à son éditeur), jusqu'à la création à Munich, en 1775, de son premier grand opéra bouffe, La Finta Giardiniera. Entre temps, l'enfant Mozart aura eu la possibilité d'effectuer sa première tournée à travers les cours d'Europe et l'adolescent de s'initier à l'Opéra Séria sous les cieux plus cléments d'Italie.

Outre les précieux renseignements qu'elle offre sur l'existence nomade de Léopold Mozart et de sa famille, et sur la vie musicale et quotidienne de l'époque, cette correspondance a aussi l'immense mérite de nous rapporter mille détails sur les pays visités. Car Léopold, voyageur infatigable, est aussi doté d'un sens aigu de l'observation. A propos de Paris, lors du premier voyage en 1763, il note :

« Je ne puis vraiment vous dire si les femmes sont belles à Paris, car elles sont toutes peintes, contre nature, comme les poupées de Berchtesgaden, de sorte que même celles qui sont belles à l'origine deviennent insupportables aux yeux d'un honnête Allemand... On emploie ici quatre fois plus de poudre pour les cheveux que de farine... Tout d'ailleurs s'oriente ici vers le profane ; il y a peu de belles églises, mais d'autant plus de magnifiques hôtels particuliers ou palais, pour la décoration desquels on n'épargne aucun frais et dans lesquels on trouve tout ce qui peut être agréable au corps humain et à la satisfaction des sens. »

■ Correspondance 1756-1776 de W. A. Mozart, Editions Flammarion, Collection Harmoniques, 1993, ISBN : 2080665081

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