Une forme sur la ville, William Goyen
Dans les trois nouvelles qui composent « Une forme sur la ville », William Goyen, écrivain sudiste par excellence, y retranspose un univers clos, fermé au monde extérieur, empreint d'une mystique chrétienne.
Les deux premières nouvelles, « L'infirmier » et « Le sauvetage », s'attachent à décrire les fascinantes relations qui s'installent entre un jeune blessé, Chris, et son infirmier, Curran.
Dans un hôpital de la province anglaise arrive un jeune Américain soutenu par un homme et une femme, tous deux d'une troublante beauté. Il est estropié à la suite d'une chute qui restera mystérieuse.
Son opération et sa convalescence se déroulent dans un lieu qui peu à peu devient une véritable arche de Noé, vaisseau qui accueille les rescapés d'une inondation, villageois et animaux échappés d'un zoo. Atmosphère étrange, confinée, d'une nouvelle humanité dont le narrateur se fait chroniqueur. Infirmier, il s'occupe du corps inanimé de son patient mais surtout tente d'établir un contact avec lui qui va bien au-delà des gestes et des mots, essai de communication totale, de création dans lequel l'individu se dépasse, sauvetage qui s'appelle l'amour.
La dernière nouvelle, « Une forme sur la ville », est une superbe parabole : pendant quarante jours, un étrange personnage, Jean de la Hune, s'installe en haut d'un mât, surplombant une petite ville, déclenchant la curiosité, le désir et la haine des concitoyens. Ironique analyse sociale, cette nouvelle voit aussi son narrateur rentrer dans le songe en symbiose avec ce personnage mystérieux et marginal.
Ces trois courtes nouvelles subjuguent par les tentatives de fusion qui y sont ébauchées et par le don d'un conteur qui sait mener le lecteur avec pudeur au cœur des émotions les plus intimes.
■ Une forme sur la ville, William Goyen, traduit de l'anglais par Patrice Repusseau, Editions Rivages, 113 pages, 1988, ISBN : 978-2869301733
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