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Gibier de passage, Maurice Périsset

Publié le par Jean-Yves Alt

La ville de Hyères est en ébullition, non seulement parce que cet été est particulièrement torride mais aussi parce que la pièce de Jean Anouilh, « Becket ou l'Honneur de Dieu », va être jouée sur le parvis de l'église saint Paul.

Le commissaire Jardet, notable de la ville, et son fils Raphaël assistent à la représentation. Le jeune homme est étonné de voir Serge Damien, du même âge que lui, la vingtaine, comme spectateur car il est connu pour sa simplicité d'esprit et aussi pour sa phobie des chats. Raphaël est en même temps intrigué par le curieux manège de deux motards qui semblent surveiller Serge. Ce dernier quitte d'ailleurs le spectacle avant la fin.

Au cours de la représentation, un policier de garde appelle le commissaire en urgence car un jeune motard a été retrouvé assassiné – une balle en plein cœur – à proximité d'un lieu de drague homosexuelle, le jardin Denis.

Le commissaire Jardet « déteste la répression pour la répression » (p. 35) :

« Et puis, les attentats publics à la pudeur à 2 ou 3 heures du matin, je trouve que ça fait un peu ridicule, de nos jours. Je me refuse à pousser l'hypocrisie jusque-là... Je sais, je me dois de faire appliquer la loi... » (pp. 35-36)

Le lendemain, Serge Damien ne se présente pas à son travail – le service municipal des espaces verts. Il est retrouvé, peu de temps après, mort dans le grenier de la maison qu'il partage avec son frère Emile et sa belle-sœur Sylvie. Un bifteck cru coincé au fond de sa gorge, et, déposé, sur son corps, du mou que l'on réserve d'habitude aux chats. S'agit-il d'un crime rituel ?

Le commissaire Jardet apprend très vite que Serge entretenait, avec sa belle-sœur Sylvie, des relations très tendues, que le soir de la pièce de théâtre, Serge devait retrouver son amie (pas sa petite amie), Dominique Verdier, au spectacle. Il souhaite donc rencontrer la jeune fille. Mais celle-ci a disparu. Il rencontre sa grande sœur, Sophie Duttois, la quarantaine, veuve, et son frère Luc.

Quand Dominique réapparaît, elle met un certain temps avant de confier au commissaire qu'elle a été violée, la nuit de la représentation théâtrale, par des motards.

Deux meurtres et un viol dans la même nuit : comment ne pas relier ces faits ?

Jardet apprend que Sophie Duttois, à la « sexualité exigeante » (p. 90), a rencontré des jeunes motards et qu'elle entretient avec l'un d'entre eux, Luigi, une liaison.

Jardet découvre également que le grenier où Serge a été retrouvé assassiné communique avec le logement mitoyen où vit un homme raffiné de soixante ans, Alphonse Redoux. Le meurtrier serait-il entré par ce passage ?

Monsieur Redoux, qui possède cinq chats, n'entretenait aucune relation avec Serge Damien, phobique de ces animaux. Le vieil homme pourrait-il être impliqué ? La haine des chats peut-elle être un mobile de meurtre ?

Le commissaire est informé que Serge, voyait les derniers temps, un très beau jeune homme de son âge, Jean-Yves Murrèze, transformiste dans une boîte de nuit de la ville, où il imitait en play-back Sylvie Vartan et Dalida. Et, que Monsieur Redoux a hébergé chez lui ce jeune artiste.

Jardet s'interroge sur les vies de tous ces protagonistes : Qui a une double vie ? Que se cache-t-il derrière ces crimes ?

Maurice Périsset utilise à merveille le polar pour exprimer ses idées sur l'homosexualité, « militantes » à la parution de ce livre (1988). L'auteur la traite dans la trame de son livre comme une composante du comportement humain parmi d'autres. Il la montre sous son aspect le plus quotidien en se gardant de toute caricature trop facile. On devine que pour l'auteur, les êtres humains l'intéressent dans toute sa diversité, davantage que leurs compagnons de lit.

L'auteur maîtrise l'écriture du polar ; il en fait un autre mensonge qui invente la vie.

■ Gibier de passage, Maurice Périsset, éditions du Rocher, Collection : Dossiers du Quai des Orfèvres, 1988, 238 pages, ISBN : 2268006301


Du même auteur : Les collines nues - Les tambours du Vendredi Saint - Le ciel s'est habillé de deuil - Soleil d'enfer - Laissez les filles au vestiaire - Corps interdits - Les noces de haine - Les grappes sauvages - Avec vue sur la mort

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